Le recours aux pesticides en agriculture française : une réalité toujours présente

L’agriculture française a longtemps été reconnue pour sa richesse et sa qualité, avec des produits variés et souvent exportés à travers le monde. Toutefois, il est de plus en plus difficile d’échapper à la question des pesticides et de leur utilisation dans ce secteur. Malgré les comptes faisant état d’une baisse des dépenses en matière de produits phytosanitaires, plusieurs agriculteurs continuent d’utiliser ces substances chimiques pour protéger leurs cultures. Cet article propose donc un tour d’horizon sur l’utilisation actuelle des pesticides en France.

Les différents types de pesticides utilisés en agriculture

Il existe plusieurs catégories de pesticides selon leur fonction :

  • Les herbicides sont destinés à lutter contre les mauvaises herbes envahissant les cultures.
  • Les insecticides ciblent généralement les insectes nuisibles aux plantes, tels que les pucerons ou les chenilles.
  • Les fongicides visent les maladies cryptogamiques causées par des champignons ou autres micro-organismes pathogènes.
  • Les nématicides servent à éliminer les nématodes, des vers parasites qui peuvent endommager les racines des plantations.

Toutefois, il est essentiel de garder à l’esprit que certains médicaments peuvent appartenir à plusieurs de ces catégories, selon leur mode d’action et les organismes qu’ils ciblent.

Le contexte réglementaire des pesticides en France

Face aux nombreux débats sur les dangers potentiels des pesticides pour la santé et l’environnement, les autorités françaises ont élaboré un plan d’action visant à réduire progressivement l’utilisation des substances chimiques dans le secteur agricole :

Le plan Ecophyto I (2008-2014)

Mis en place en 2008 suite au Grenelle de l’Environnement, le plan Ecophyto I avait pour objectif principal de réduire de 50 % l’utilisation des pesticides en France d’ici 2018, sous condition de ne pas compromettre la compétitivité des entreprises. Toutefois, cette première version du plan n’a pas atteint ses objectifs, avec une hausse de 5% des dépenses en produits phytosanitaires entre 2009 et 2013.

Le plan Ecophyto II (2015-2020)

Afin de redresser cette situation préoccupante, le gouvernement a lancé le plan Ecophyto II en 2015. Celui-ci vise non seulement à maintenir l’objectif initial de diminution de l’usage des pesticides de 50 % d’ici 2025, mais également à mettre en place des mesures spécifiques pour encourager les initiatives en matière d’agriculture biologique et de lutte intégrée contre les parasites.

Le bilan d’Ecophyto II à ce jour

Selon les derniers chiffres disponibles, l’utilisation des pesticides a diminué globalement de 15 % entre 2014 et 2019. Cela représente une amélioration notable par rapport à la période précédente. Néanmoins, il convient de rappeler que cet effort reste insuffisant pour atteindre le but fixé initialement.

Les raisons qui poussent certains agriculteurs français à continuer d’utiliser des pesticides

Même si la France s’est engagée à réduire son utilisation des pesticides, plusieurs facteurs expliquent pourquoi certains producteurs sont encore réticents à abandonner complètement ces produits :

  • La pression économique : Face à la concurrence internationale, beaucoup d’agriculteurs craignent de perdre en rentabilité s’ils cessent d’utiliser les pesticides, car ces substances permettent d’éviter les pertes de rendements liées aux ravageurs ou aux maladies.
  • Le manque d’alternatives : Bien que certaines méthodes alternatives existent (comme l’usage de prédateurs naturels), elles peuvent être coûteuses à mettre en place ou ne pas convenir à toutes les situations.
  • La difficulté du changement : Les exploitations agricoles sont souvent structurées autour de systèmes basés sur l’utilisation de produits phytosanitaires, et modifier ces pratiques demande du temps, de l’investissement et un apprentissage.
  • L’imprégnation culturelle : L’utilisation des pesticides est ancrée dans les pratiques agricoles depuis plusieurs décennies, et il peut être difficile pour certains producteurs de remettre en question ces habitudes.

L’essor de l’agriculture biologique en France

Parallèlement à ces défis, un nombre croissant d’exploitations françaises ont choisi de se tourner vers l’agriculture biologique, qui exclut l’utilisation de produits chimiques de synthèse. En effet, selon le ministère de l’Agriculture, la part des surfaces cultivées en bio a progressé de environ 22 % entre 2018 et 2019, passant ainsi de 7,5 % à 9,1 % des terres agricoles en France.

Cette évolution positive montre que les mentalités changent et que de plus en plus d’acteurs du secteur parient sur une approche respectueuse de l’environnement et de la santé des consommateurs. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire avant d’inverser durablement la tendance et diminuer drastiquement le recours aux pesticides en agriculture française.


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